odoutrellot / private

0 stars 0 forks source link

La tentation de la secession #12

Open odoutrellot opened 5 years ago

odoutrellot commented 5 years ago

Chaque jour je me bats pour essayer de vivre, agir et consommer de manière éthique et responsable. Cependant, il s'agit réellement d'un combat dans la mesure où tout dans la société dans laquelle je vis est construit à l'opposé de mes convictions : la consommation à tout prix, l'achat plus que la réparation, la vitesse, le culte du paraître, une vision quantitative de la relation humaine. Du coup, rien que pour manger selon mes convictions, c'est à dire sans consommer de chaire animale, je dois rechercher des restaurants qui proposent ce genre de plats ou qui acceptent de modifier les leurs (ce qui est plus fréquent depuis quelques années je dois l'admettre), je dois faire subir une contrainte à mes amis car tous les restaurants ne le font pas. Et alors que le sens de mon action est de ne pas imposer mes choix aux autres pour ne pas paraître prosélyte, je me retrouve cependant à représenter une forme de contrainte pour eux.

Ce problème est un exemple très précis mais pour chaque actions que je fais, je suis obligé de faire très attentions tant les pièges que les entreprises nous tendent dans leur recherche de profit. Cacher des OGM ou éléments carnés derrière des noms savants, ne proposer que des vêtements assemblés dans des pays dont on sait qu'ils pratiquent le travail des enfants. Il faut être vigilant en permanence mais surtout, dès lors que l'on expose et explique ses choix de vie, jamais de manière spontanée, on doit s'attendre à être jugé ou sommé de se justifier.

Enfin, je vois chaque jour à quel points mes efforts sont inutiles à changer le monde dans lequel je vis. Si je milite dans une association, je dois d'abord en passer par leurs propres intérêts, quand elle propose une possibilité d'action pour les bénévoles ce qui n'est pas toujours le cas, de plus en plus il me semble que les associations reprennent les codes des entreprises et réclament en priorité des financements. J'ai testé plusieurs fois la politique, les associations sans résultats et je finis par espérer qu'en ayant le meilleur comportement possible je puisse être un maillon d'un bien hypothétique effet papillon. Mais en tout état de cause, je ne suis pas parvenu à trouver une solution.

Et sur moi, comme sur mes proches, et probablement un jour sur ma fille, je vois ce que les effets grégaires et la doxa peuvent finir par nous faire penser. Il m'a fallut plusieurs années à écrire, à lire et à réfléchir pour arriver à sortir de cette logique sans être certain d'avoir totalement chassé mes déterminismes liées à la doxa. Il me semble idéal de gagner du temps pour ma fille, qu'elle n'ait pas besoin de se débarrasser de tout cela, qu'elle ait une chance d'aller plus loin que moi pour avoir une vie bonne, heureuse et éthique.

* Ce sont ces éléments qui me font me dire que loin d'être le pivot, le support que l'on m'a vendu toute ma vie, la société est plus une source de contrainte et m'oblige à lutter et à faillir quand je pourrait passer mon temps à m'améliorer ou juste à vivre comme il le faudrait.

Ce que ça permet

Retrouver / renforcer mon autonomie de pensée

Chaque jour, alors que je vis ma vie, je suis l'objet de dizaines de sources d'influences qui ne vont pas dans le sens de ce que je cherche à vivre. Le plus souvent, ce sont des publicités dont le but est de me pousser à acheter des choses dont je n'ai pas besoin, mais elles contribuent également, plus sournoisement, à véhiculer l'image d'une société et d'une façon de vivre consumériste ou stéréotypée.

Il peut y avoir également les gens que je côtoie. Tous, voire la plupart, ne partagent pas ou ne connaissent pas ma démarche qui consisterait à me sortir de ces influences. Aussi, ils peuvent ne pas avoir le même regard que moi et je me retrouve soit à devoir argumenter soit à ce que les liens qui me lient à eux contribuent à réduire ma détermination.

Si je ne nie pas le moins du monde l'intérêt de la pluralité des points de pensée, je suis obligé de dire que le plus souvent nos contemporains, n'ayant pas cherché à interroger leur modèle de vie, ne m'apportent pas grand chose en matière de réflexion. Aussi parler avec eux n'est que perte de temps. Je ne pense pas avoir un souci avec la contradiction mais j'avoue que les argumentations qui mettent en valeur le fait que "le monde va ainsi" ou que "c'est un truc de hippie ton histoire" m’agacent au plus haut point.

En m'épargnant ces influences en faveur du monde actuel, peut-être serait-je capable de voir les choses d'une façon nouvelle. Peut-être gagnerais-je un temps incroyable car je n'aurais pas à rechercher les schémas de pensée que la publicité ou mes proches auraient semés dans ma tête à mon insu (pour les second à leur insu également) et à lutter contre.

En pouvant choisir les influences, lecture notamment, auxquelles j'expose mon cerveaux, il me semble évident que je pourrais gagner un temps précieux et que c'est cette autonomie de pensée par rapport au système dominant que je souhaiterait favoriser. Si je n'ai pas à combattre contre des choses qui ne me vont pas, je pourrais aller plus loin vers ce que je cherche à atteindre.

On pourrait m'objecter que le fait d'avoir un contradicteur pourrait m'aider à voire les failles de mon raisonnement ou à renforcer mon organisation mais, encore une fois, à ce jour les contradictions que je lis ou voit relèvent d'arguments de doxa, c'est à dire que mes idée seraient disqualifiées par essence car pas réalistes dans le monde actuel. Cette qualification de "non réaliste" n'étant fondé que sur la subjectivité de la personne et un prêt à pensé collectif.

Faire le vide

[Ce que je suis]

Je dois être honnête, en tant que personne de mon époque et jeune bourgeois, j'ai grandis avec la télévision puis un voire plusieurs ordinateurs personnels. Pendant un temps non négligeable, je rentrais chez moi le soir et regardais ce qui passait à la télévision, certes en choisissant la chaîne ma néanmoins de façon passive.

Plus tard, j'ai eu le streaming, Youtube, Netflix et autres plateformes plus ou moins légales et j'ai intégré les pratiques que ces plateformes cherchaient à susciter chez moi. Aujourd'hui encore, je tombe régulièrement dans leur filets. En mixant contenus éducatifs, de réflexion et divertissement et en laissent leur algorithme le soin de me proposer des contenus que je serais susceptibles de regarder elles me piègent.

J'ai beau cherché à limiter le plus possible, il reste que certains contenus me semblent intéressants et que je ne peux avoir confirmation qu'en les regardant. Je suis également victime du syndrome "juste une petite vidéo sympa avant de passer aux choses sérieuses" qui nous prend tant de nos soirées.

[Que faire] [Sur le divertissement]

J'ai intégré beaucoup trop de mauvaises pratiques pour me servir sereinement de ces outils qui, par ailleurs, se servent de mes biais cognitifs contre moi. Aujourd'hui, je ne sais pas comment je pourrais les utiliser sans avoir à payer mon lot de temps perdu. Je n'ai pas la capacité de résistance qu'il me faudrait pour résister à la tentation d'aller consommer à nouveau des contenus de divertissement et de ne me concentrer que sur les contenus "sérieux" (sachant qu'une par non négligeable de contenus cache sous des dehors de sérieux du divertissement pure et simple).

Je n'ai rien dans l'absolu contre le divertissement. Je trouve seulement qu'il est très difficile de faire la différence entre un contenu de divertissement et un contenu intéressant. Pour moi, tout contenu doit avoir un message ou un but. Celui de divertir les personnes qui le voient me semble dangereux car il me fait lourdement penser à l'intention déclarée d'un patron de TF1 ([[Etienne Mougeote]]) de donner aux annonceurs publicitaire du "temps de cerveau disponible" pour leur publicité.

Les contraintes

Les limites

odoutrellot commented 5 years ago

Nous pourrions, certes, faire comme les Amish, revêtir la modernité d’un débat permanent et adopter ou refuser, au cas par cas, une technologie, dans le but de maintenir en place l’ordre social. Mais si les Amish sont la preuve que des institutions par le biais desquelles le citoyen peut s’impliquer dans le choix des technologies existent, Richard Sclove n’en fait pas pour autant une voie à suivre. Vivre reclus ne garantit pas l’émergence d’une démocratie technique. http://www.internetactu.net/2018/10/02/pourquoi-la-technologie-nest-pas-democratique-et-comment-peut-elle-le-devenir/